Conseils, Pratique

Etat des lieux de mes progrès – Partie 2

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Après avoir vu avec vous l’évolution de mon écriture, aussi bien sur le fond que sur la forme, j’aimerais vous partager les cinq conseils qui ont considérablement contribué à cette évolution. Ils font partie de ma routine d’autrice, et j’ai appris à les faire miens afin qu’ils m’accompagnent sans que j’aie à y penser.

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Conseil n°1 : Les prénoms ne sont pas des répétitions.

En tant qu’écrivain·e·s en herbe, une multitude de suggestions nous assomme. Bien souvent, nous les prenons comme des injonctions : avoir un vocabulaire varié, utiliser des verbes forts, éviter les répétitions.

Dans une envie de bien faire, nous finissons par nous perdre dans les circonvolutions. Nous dévoilons des trésors d’inventivité pour chasser ces maudites répétitions, quitte à affubler nos personnages de désignations peu intuitives. Tantôt « le chevalier », tantôt « le grand blond aux yeux noirs », plutôt que de l’appeler simplement « Machin » à chaque fois.

Ce que ces conseils oublient de nous dire, c’est que les prénoms – ou noms – ne sont pas des répétitions. Le cerveau doit faire un chemin supplémentaire pour identifier le personnage, quand nous utilisons d’autres appellations. Et nous créons une distanciation malheureuse, en particulier dans l’utilisation du point de vue interne.

De même, avec le POV interne. Si notre protagoniste désigne un personnage par son nom ou son prénom – en fonction de sa personnalité, de leur relation, etc. –, il convient d’utiliser de façon constante cette dénomination tant que nous sommes de son point de vue.

En gros, appelons un chat un chat !

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Conseil n°2 : Les tournures de phrases et les expressions vues et revues appauvrissent l’écriture.

« Être blond comme les blés », « fondre comme neige au soleil », « avoir un cœur de glace » sont des constructions communes qui ne rendent pas service à notre texte. Des dizaines de conseils en parlent, je ne m’étendrais pas sur le sujet. Toutefois, il existe d’autres phrases que nous retrouvons régulièrement et qui peuvent s’insérer dans cette catégorie.

« Il avala sa salive. » Seule, cette phrase n’est pas un problème, mais je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel lorsqu’elle est écrite dans le contexte où le héros décrit le corps d’une femme. Cette phrase implique que son apparence ne le laisse pas indifférent. Pourtant, elle présuppose davantage qu’il n’a aucun contrôle sur son corps et ses réactions. J’ai presque envie de tendre à notre héros une tasse pour qu’il puisse baver dedans. – Oui ! C’est habituellement dans le scénario d’un homme envers une femme. C’est malheureux, mais c’est comme ça ! –

« Elle ne s’était pas rendu compte qu’elle retenait son souffle jusqu’à présent. » Alors en premier lieu, en dehors des gens qui ont des problèmes respiratoires, notre corps est programmé pour réagir au manque d’oxygène. Donc, croyez-moi : nous nous en rendons toujours compte, quand nous retenons notre souffle. En second, je comprends bien : le but de cette phrase est de marquer la tension ressentie par un personnage. Mais il existe assez de réactions physiques, bien plus précises, pour la décrire. Le désir : « Son sang se mit à cogner dans ses tempes et son souffle s’accéléra. », la peur : « Ses pieds refusaient de bouger. Les pensées défilaient dans sa tête, mais seul le brouhaha lui parvenait. », la colère : « elle serra ses poings si forts que ses jointures commencèrent à pâlir. », etc.

Et je suis sûre que vous avez vous-mêmes des dizaines de phrases qui vous viennent à l’esprit !

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Conseil n°3 : L’antagoniste et le vilain ne sont pas le même rôle, même s’ils peuvent être la même personne.

Eh oui ! L’antagoniste peut être quelqu’un qui veut du bien à notre protagoniste. Son seul prérequis est d’avoir un plan différent de celui du protagoniste, qui pousse ce dernier à remettre en question le statu quo de départ. Après tout, dans une histoire d’amour, l’antagoniste est souvent l’être aimé et, en dehors du cas des relations toxiques, il ou elle n’est pas un·e vilain·e prêt·e à le faire souffrir.

En prenant ce conseil en considération, il est possible de créer une bien plus grande variété de scénarios. Parfait pour déchaîner notre imagination !

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Conseil n°4 : L’histoire a besoin d’un thème.

En tant qu’êtres humains, nous aimons trouver un sens à chaque chose. Si c’est un sens caché, c’est encore mieux. Écrire cela semble juste pointer une évidence. Pourtant, définir un thème est peu pris en considération au moment de la création d’une histoire.

Pour celles et ceux qui s’interrogeraient, malgré tout, sur les fonctions d’un thème, voici une liste non exhaustive :
stimuler l’intérêt du ou de la lecteur·rice ;
offrir plusieurs niveaux de lecture au texte ;
faciliter l’invention d’obstacles dans le récit – puisqu’ils sont là pour développer le thème – ;
orienter la psychologie des personnages – puisqu’ils sont là pour développer le thème – ;
donner de la profondeur à l’intrigue – puisqu’elle est là pour…

Bref, vous avez l’idée !

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Conseil n°5 : Les lecteur·rice·s ne sont pas des idiot·e·s.

Oui ! À chaque fois que nous nous demandons…
Si cet indice à propos de l’intrigue que nous pointons pour la 3ème fois…
Si ce détail à propos d’un personnage que nous répétons à chaque chapitre…
Si cette note d’humour que nous expliquons juste après l’avoir faite…
Est assez clair, nous devrions nous rappeler ce conseil : les lecteur·rice·s ne sont pas idiot·e·s.

Puis, retirer toutes ces répétitions et explications inutiles pour se concentrer à développer l’intrigue et les personnages.

Faites confiance à vos lecteur·rice·s, tout comme vous souhaiteriez qu’ils ou elles vous fassent confiance !

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